Benkirane est tenu de répondre de ses dérapages : Le tribunal administratif d’Agadir juge le dossier de financement du PAM irrécevable

par Hassan Bentaleb – libe.ma – 01/10/2015

Benkirane est tenu de répondre de ses dérapages : Le tribunal administratif d’Agadir juge le dossier de financement du PAM irrécevable.

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Le PAM serait-il financé par l’argent de la drogue comme le prétend  Abdelilah Benkirane? Personne ne le saura, puisque le tribunal administratif d’Agadir vient d’annuler le procès intenté par la section du parti du Tracteur  au secrétaire général du PJD suite à ses accusations portées contre la direction régionale du PAM de recourir à l’argent de la drogue pour financer ses élections. Le juge de la première Chambre près  le tribunal administratif a considéré ce dossier irrecevable, d’autant que les accusations proférées par Benkirane lors de ses meetings électoraux à Agadir et Tiznit ne concernent pas des personnes physiques mais un parti politique.
« Il s’agit d’un procès purement administratif et non pénal. Le secrétaire général du PJD n’a pas été poursuivi pour injures et diffamations », nous a expliqué Allal Basraoui, avocat, tout en précisant que ce verdict était attendu dans la mesure où  Benkirane n’avait pas cité nommément l’un des leaders du parti mais le PAM en tant que formation politique. Selon certains médias, le leader islamiste a poussé le bouchon trop loin, en déclarant que le PAM avait des accointances avec des milieux de la drogue et qu’il était financé par le trafic de ce produit illicite. Cette accusation grave déjà lancée par le passé a connu un regain d’intensité du fait que Benkirane a changé de ton en accusant ses adversaires politiques de faire dans des drogues dures, ce qui donne une autre portée à son discours.  Dans ce sens, il fait allusion à un trafic aux ramifications internationales qu’il avait évoqué par le passé en nommant explicitement Illias El Omary, le numéro 2 du  PAM, qui a déclaré avoir saisi la justice en raison de la dangerosité de tels propos.
Cette décision du tribunal d’Agadir pourra-t-elle mettre fin à ce bras de fer? Absolument pas, puisqu’une autre plainte est en cours au tribunal de première instance. Elle a été déposée par Mohammed Ziane, avocat et coordinateur national du Parti marocain libéral (PML). Celui-ci exige l’ouverture d’une enquête sur les déclarations de Hamid Chabat et Abdelilah Benkirane à propos des financements du PAM. Un juge d’instruction a été désigné pour auditionner respectivement Abdelilah Benkirane, Abdellah Bouanou et Aziz Rebbah du PJD concernant de telles accusations. « Ce procès risquerait de ne pas aboutir puisqu’il faudrait suivre une procédure spéciale », nous a précisé Me. Allal Basraoui, tout en estimant que ce dossier portant sur des accusations de recourir à l’argent de la drogue lors des élections a été et restera un sujet de polémique récurrente.  « Il s’agit en réalité d’un conflit purement politicien et non juridique. Les parties concernées ne souhaitent aucunement que cette rivalité dépasse le cadre politique même si elles menacent de temps à autre de recourir à la justice», a-t-il  souligné. Et de poursuivre : « Ces accusations font partie d’une violence verbale  de plus en plus manifeste sur la scène politique nationale. Pire, nous assistons à une exacerbation de cette violence. Une tendance qui n’augure rien de bon puisque les expériences d’autres pays sombrant actuellement dans des conflits et le chaos ont vécu ce genre de violences verbales avant de se transformer en violences physiques ».
Pourtant, que ce conflit soit politique ou juridique, il faut garder en tête que lesdites accusations ont été proférées par le chef du gouvernement lui-même et dont le statut lui interdit tout dérapage verbal.  Le chef de l’Exécutif dispose au sein du gouvernement d’un ministre de la Justice qui joue également le rôle de chef du parquet chargé de veiller à l’application de la loi et de conduire l’action pénale au nom des intérêts de la société. « Benkirane et son ministre de la Justice pensent que ce sujet mérite une réponse politique plutôt que juridique. Mustapha Ramid n’entend surtout pas ouvrir cette brèche de crainte de voir son bureau submergé par ce genre de dossier », nous a indiqué notre source.  Une telle position n’œuvre guère pour l’édification de l’Etat de droit et de la transition démocratique.

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