Par Hamza Mekouar et Solène Paillard – huffpostmaghreb.com – 30/10/2015
ENVIRONNEMENT – Sur le front de l’environnement, c’est une (petite) révolution qui se profile. Six ans après avoir interdit l’utilisation et la commercialisation des sacs plastiques noirs, le gouvernement s’attaque désormais à tout type de sacs plastiques. Un projet de loi pour interdire leur fabrication, importation, commercialisation et utilisation a été adopté ce jeudi 29 octobre en Conseil du gouvernement.
Quelles alternatives?
Pour l’heure, un flou subsiste quant aux différentes alternatives prévues par le gouvernement si jamais le texte de loi passe sans encombres le circuit législatif (le texte doit encore être approuvé par les deux chambres). Le Maroc pourrait suivre le modèle de la Corse, qui avait « interdit en 2003 les sacs en plastique non biodégradables pour les remplacer par des sacs cabas payants et des sacs en papier aux caisses des hypermarchés », rappelle La Vie éco. Dans le reste de l’Hexagone, la fin du sac plastique jetable est du reste programmée au 1er janvier 2016, au profit des sacs réutilisables, plus épais.
Une mobilisation qui ne date pas d’hier
Cela fait plusieurs années que les sacs plastiques se trouvent dans le viseur du gouvernement. Il faut dire que la situation est pour le moins préoccupante. Au Maroc, 26 milliards de sacs plastiques seraient consommés chaque année, ce qui ferait du pays le deuxième plus gros consommateur au monde, selon des chiffres avancés par Yabiladi.
Ainsi, en 2011 déjà, soit deux ans après avoir banni l’utilisation de matière colorante noire pour les sacs en plastique, un décret d’application de la loi 22-10 sur les sachets en plastique avait été publié au Bulletin officiel. Objectif? Interdire la fabrication pour le marché local des sacs et sachets en plastique non dégradables ou non biodégradables.
La corporation des plasturgistes avait alors fait savoir que « cette transition nécessite beaucoup d’investissements » et que « les industriels auront du mal à suivre », écrivait L’Economiste à l’époque. Deux ans plus tard, une initiative visant à les remplacer par des sacs en toile avait été lancée en 2013 par Fouad Douiri, ancien ministre de l’Energie, de l’eau et de l’environnement. Un programme auquel une vingtaine de villes du royaume avait participé.
Des habitudes ancrées
Toujours est-il qu’à ce jour, malgré les différentes actions lancées par les autorités, « les sacs plastiques sont bel et bien toujours là », déplore Yassine Zegzouti, président de l’association marrakchie Mawarid, qui promeut un « Maroc sans sacs plastiques ».
La raison? « Les industriels avaient demandé au ministère de l’Environnement une période afin de se conformer à la loi et de renouveler leurs machines pour pouvoir fabriquer des sacs biodégradables. Mais surtout, il y a toujours un secteur informel qui continue de fournir des sacs plastiques sur lequel l’Etat n’a pas de contrôle ».
Certaines habitudes de consommation sont également très ancrées: « Avec la culture des épiceries, les Marocains achètent beaucoup en détail. Ils ont aussi tendance à demander des sacs plastiques pour d’autres usages comme celui, très fréquent, de la poubelle », regrette encore Yassine Zegzouti.