Tourisme : Les TO désertent Agadir

par Fatiha Nakhli – leconomiste.com – 08/09/2016

  • Faute de se renouveler, la destination est difficilement vendable
  • De gros déficits dans la restauration et l’animation

tourisme

Le Centre régional de tourisme d’Agadir Souss Massa se targuait,  il y a un mois, d’une forte hausse des touristes russes sur la destination : plus de 360% des arrivées entre juillet 2015 et le même mois de cette année. Or, à y voir de plus près, c’est une augmentation en trompe-l’œil. Les volumes sont ridicules. De 1.105 touristes russes en 2015, la destination est passée à 5.180 touristes en juillet 2016. «Les touristes russes qui viennent aujourd’hui à Agadir appartiennent à une clientèle bas de gamme puisqu’ils déboursent en all inclusive à peu près 180 DH et ne peuvent donc pas investir les hôtels 5 étoiles avec leurs faibles moyens», déclare un professionnel de la région. «Les gros TO russes n’envoient pas leurs clients à Agadir parce que le produit ne correspond pas à leurs attentes».
En fait, il semble que la destination ait atteint ses limites en termes d’atouts. Avec une capacité litière dont près de 2/3 sont délabrés et un produit qui n’est plus compétitif ni de point de vue restauration, ni animation. Un produit vieilli et qui est difficilement vendable au regard de la concurrence dans la Méditerranée. En fait, les opérateurs sont conscients que la grande contrainte à Agadir c’est sa capacité qui bat de l’aile en permanence avec des hôtels en difficulté qui ont mis la clé sous le paillasson. C’est le cas des hôtels Kasbah ou Assalam. D’autres établissements sont sur le point de fermer et d’autres doivent être rénovés pour être commercialisés mais manquent affreusement de moyens à cause des difficultés financières dans lesquelles ils se noient. Pendant ce temps, les responsables locaux et nationaux de tourisme s’emmêlent les pédales dans les stratégies, les visions… «Nous avons tout ce qu’il faut pour être la première destination de la Méditerranée, la sécurité, la situation géographique, le patrimoine culturel… or, il n’en est rien car nous sommes sur la mauvaise voie», s’insurge Rachid Dahman, président de la promotion du produit au CRT d’Agadir. «Le tourisme est une industrie, une science, c’est aussi un échange culturel… si aujourd’hui nous sommes classés dernière destination balnéaire de toute la Méditerranée c’est parce que nous n’avons pas de structures de base, ni de fondements, ni de vraie vision», a-t-il déploré. C’est ainsi qu’aujourd’hui, avant de crier à une carence de connexions aériennes, il faut d’abord travailler en profondeur le produit pour donner envie aux touristes de revenir. Il est aussi question de renforcer le volet restauration et animation. La destination est désormais boudée par les marchés traditionnels français, anglais et allemands, ses vrais piliers. A quel tourisme peut-elle aspirer quand même les nationaux s’y ennuient faute de prestation de qualité et d’animation à la hauteur ?

Un secteur, deux vitesses…

Il faut signaler toutefois que le tableau n’est pas si sombre pour tous les hôtels de la ville. Certains s’en sortent très bien car ils appartiennent à des TO dont la force est la technique commerciale et la qualité des hôtels qu’ils proposent à leur clientèle. Hôtels Robinson, Tikida Dunas, Tikida Beach pour exemple. Dans le cas de ce dernier, et depuis qu’il a été rénové, il n’accepte plus les enfants de moins de 18 ans, pour le confort d’une certaine catégorie de clients. Pour les familles avec enfants, le groupe propose le Club Tikida Dunas. Des créneaux mis en place suite à des études, analyses et écoute par des TO qui maîtrisent le marché. Récemment, le président de TUI en personne n’a pas hésité à faire le déplacement à Agadir pour encourager ses équipes et voir les hôtels.

4 réflexions sur “Tourisme : Les TO désertent Agadir

  1. Il faut bien dire que les trottoirs chaotiques, les poubelles de rue inexistantes, les containers poubelles dégueulant couvercle ouvert, les relents d’égouts dus à la chaleur, les innombrables rideaux de commerces baissés, l’absence de signalisation des constructions notables (telles que le Mur du Souvenir), tous ces détails mis bout à bout ne peuvent pas inciter le visiteur à se réjouir d’une balade en centre ville… Certaines améliorations ne coûteraient pas des milliards pour que les gens se sentent mieux…

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  2. Ce n’est pas uniquement les 2/3 des hôtels qui sont délabrés mais c’est toute une ville qui ne répond plus aux normes les plus élémentaires du tourisme. Ce n’est plus une destination balnéaire mais portuaire uniquement.

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  3. Nous avons été plusieurs sur ce site à alerter sur ces divers points évoqués dans l’article, clientèles , vols, inadaptation de l’offre, etc… , mais l’on préfère gaspiller de l’argent un peu partout dans le monde alors qu’il faut l’investir à Agadir! Après, vols et TO reviendront naturellement, car les professionnels sont en mal de destinations attractives….

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