Des laveries pour soulager les femmes

Par Yvette FIGADÈRE SUZUKU – leconomiste.com – 08/03/2017

Yvette Figadère Suzuku est une retraitée française. Soutenue par son mari japonais, elle mène le projet des laveries dont l’optique est de préserver le bien-être de la femme rurale et de développer des solutions communautaires durables, pour la réduction de la pollution des eaux et des sols et la conservation des oasis (Ph. Y.F.S.)

Village d’Ouaklim, dans le sud du Maroc. Des femmes accroupies, sous le soleil, les mains dans l’eau froide, agglutinées sur un morceau de séguia en train de vaquer à leur lessive. Cette image m’a frappée en 2006 quand j’étais de passage dans la zone avec L. Eddahby pour le repérage d’un site pour le projet de création d’un musée de la khettara.

Le souvenir de ma grand-mère et de toutes ces femmes usées par les travaux ménagers d’avant la robotisation a refait surface à la vue de ces conditions de travail et d’hygiène désastreuses. C’est là qu’une idée s’est imposée à moi: il fallait faire des laveries! «Comme dans les immeubles en Suède!». J’ai inscrit ce projet sur la liste des «projets potentiels». Mais, préoccupés aussi par la pollution de l’eau d’irrigation, nous avons suivi le cours de la seguia pour constater les dégâts causés par les lessives sur les champs de luzerne et d’olivier. Qui paraissaient maigres en comparaison avec les parcelles irriguées par une autre branche de la khettara, non polluée.

Deux ans plus tard, une jeune marocaine élève de l’école des Ponts et Chaussées de Paris, me contacte pour me dire que l’Association DéveloPonts dont elle était présidente avait un budget pour réaliser un projet au Maroc. Parmi tous les projets que je lui ai soumis, elle a choisi celui des laveries. Et c’est ainsi que nous avons débuté avec la petite laverie d’Ouaklim.

Avec objectif de joindre la protection des sols des eaux pour une agriculture durable, à la santé et au bien-être de la femme rurale. Tout en préservant les ressources en eau d’irrigation des oasis contre la pollution causée par les polluants chimiques issus des lessives. Nous avons relevé ce challenge. Grâce aux laveries, le confort et la santé des femmes et des enfants en particulier ont été améliorés. Moyennant 10 DH par machine de 10 kilos. Et nous avons aussi développé des solutions communautaires durables pour la réduction de la pollution des eaux et des sols et la conservation des oasis. La population a de même été sensibilisée aux problèmes liés à l’environnement. Je dois préciser que le projet s’appuie sur une participation active des habitants et les encourage à travailler ensemble sur le développement et la conservation de leurs oasis.

Le travail de lessive est géré par les femmes et soumis à leur appréciation. Un ou deux emplois féminins sont d’ailleurs créés sur le site de chaque laverie. Avec les projets AGR que nous créons avec les bénéfices, les femmes apportent un complément de salaire au foyer. Ces femmes ont aussi été encadrées pour apprendre à gérer leur économie et à prendre des décisions. Quant à eux, les hommes du village participent à la construction des bassins et incitent les femmes à utiliser la laverie.
Les agriculteurs en particulier, constatent très vite les effets du retour d’une eau d’irrigation propre dans les parcelles. Maintenant que les laveries fonctionnent mieux, -certaines réalisant jusqu’à 500 lavages par mois- nous avons décidé avec la coordinatrice du FEM, de nous organiser en coopératives.

L’eau du désert a «frappé»

Entre 2008 et 2015, cinq laveries collectives ont été mises en place dans le sud-est marocain, entre Tinghir et Errachidia : à Ouaklim, Isilf, Tabesbaste, Taltfraout et Magamane.
Initiées par l’Association «L’Eau du désert», ces laveries ont été financées principalement par le FEM, le Programme de développement territorial durable du Tafilalet (POT), l’Association DéveloPonts (Ponts et chaussées France), l’Association l’Eau du désert. Avec la participation des communes et des associations villageoises.

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