Culture du cannabis : la ruée vers « l’or vert » en toute légalité

article19.ma – 17/10/2022

Le compte à rebours est lancé. Mohammed El Guerrouj, directeur général de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), vient de délivrer pas moins de dix licences aux fins de transformation, de fabrication, de commercialisation et d’exportation du cannabis, une décision qui aura un impact majeur dans cette ruée vers l’or vert.

Dans un communiqué rendu public le 4 octobre, l’Agence a indiqué que lesdites licences seront suivies d’autres pour la culture et la production au profit d’agriculteurs des provinces d’Al Hoceima, de Chefchaouen et de Taounate, seules pour l’instant concernées par les activités concernées au titre du décret n°2-22-159 portant application de certaines dispositions de la loi relative à l’usage licite du cannabis.

« Les agriculteurs seront autorisés de façon progressive sur la base des besoins exprimés par les industriels autorisés », a souligné L’ANRAC.

+ Premiers arrivés, premiers servis… +

Dans les médias nationaux, le géant pharmaceutique national Pharma 5 a rapidement commencé à être cité, avant que sa DG elle-même, à savoir Mia Lahlou-Filali, ne confirme. « Nous allons pouvoir lancer les essais cliniques, » a-t-elle notamment confié au journal électronique Le360.

Certaines sources laissent entendre qu’au moins quatre d’entre eux seraient également actifs dans le domaine de la fabrication des médicaments. D’autres parlent de la présence d’au moins une entreprise étrangère dans le lot.

De son côté, le magazine Maroc Hebdo évoque une étude présentée début mai 2021 par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au parlement au moment où le proiet de loi relative à l’usage licite du cannabis était discuté au sein de l’institution législative, le marché mondial du cannabis devrait atteindre, d’ici 2028, 233 milliards de dollars, dont plus de la moitié rien que pour le cannabis médical (114,2 milliards de dollars, selon la « mère des ministères» »).

Si, à la fin de la décennie, le Maroc s’accaparait 10% des seuls marchés francais et italien de cannabis médical, ce qu’il est largement en mesure de faire du fait de son statut officieux de premier producteur de résine de cannabis à l’échelle du globe, il réaliserait des rentrées d’argent de l’ordre de 420 millions de dollars par an. Dans le scénario optimiste, cette somme serait 50% supérieure (630 millions de dollars). En tout état de cause, les revenus actuels seraient dépassés.

Rappelons aussi qu’en mars 2017, le département d’Etat américain, qui tient lieu de ministère des Affaires étrangères des États-Unis, assurait carrément dans un rapport sur l’état mondial du trafic de drogues et de substances illicites qu’avec une production annuelle de 700 tonnes de résine de cannabis, le Maroc réalisait, à l’époque, un chiffre d’affaires de 23 milliards de dollars, correspondant à près du quart de son produit intérieur brut (PIB), précise la même source.

« Il faut sortir la loi au plus vite pour trouver des gens qui puissent nous accompagner dans ces projets » insistait d’ailleurs, fin avril 2021, M. Laftit à la Chambre des représentants, en faisant clairement comprendre aux députés (notamment ceux du Parti de la justice et du développement (PJD), unanimement contre le texte) que le Maroc raterait le coche s’il ne saisissait pas l’opportunité historique qui s’offre présentement à lui.

+ Prendre en considération l’écologie du Rif… +

C’est d’ailleurs suite à cette décision que M. Laftit avait sorti son projet des cartons, alors que cela faisait plusieurs années déjà que les autorités marocaines planchaient dessus : on sait par exemple que dès le début des années 2010 des études avaient été menées dans les régions d’Agadir, de Sefrou, de Sidi Allal Tazi et de Béni Mellal par le Laboratoire de recherches et d’analyses techniques et scientifiques (LARATES) de la Gendarmerie royale et l’institut national de recherche agronomique (INRA) sur trois variétés de chanvre à fibre faibles en THC, le principe actif dans le cannabis, dans un objectif d’utilisation non-récréative, et M. Laftit avait lui-même reconnu à la Chambre des représentants, au moment de présenter le projet de loi, que son département s’était des 2018 attelé à la tâche.

Dans le cadre de la nouvelle législation, la vente de la production se fera sous les auspices de l’Etat, ce qui devrait permettre aux agriculteurs, organisés sous forme de coopératives, d’enfin commencer à vivre décemment, souligne la même source.

Il est important de relever que la variété de cannabis « kherdala » serait la cause essentielle de l’assèchement des cours d’eau des montagnes du Rif, sur les flancs desquels se concentrent la majorité des cultures, dont le barrage d’Al-Wahda, qui a vu son taux de remplissage descendre à un bas historique de 50% en juillet 2022, n’aurait, à cet égard, pas seulement été affecté par le niveau de sécheresse des derniers mois.

Les variétés que devront cultiver les agriculteurs devront, de fait, prendre en considération la réalité écologique de la région et notamment des sols, qui ne sont pas si riches…

Dans son communiqué, l’ANRAC a signalé qu’elle « continue de prospecter les opportunités offertes par le marché du cannabis », ce qui laisse comprendre que d’autres licences pourraient bien suivre.

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