Dossier Agadir – Métropole du Grand Sud: Comment Agadir réinvente ses territoires

Par Amin RBOUB – leconomiste.com – 24/02/2023

Balnéaire, soleil toute l’année, climat doux et tempéré, hôtels… L’ambition désormais est de développer une ville aux standards de Malaga, Bodrum, Barcelone… (Ph. Bziouat)

Un pôle économique qui puise sa force de sa centralité nationale

Les nouvelles vocations d’une région en transformation

Des plans d’aménagement, une requalification urbaine en profondeur, des espaces verts, des voiries de grande portée, des bus à haut niveau de service (BHNS), des programmes d’assainissement, de l’éclairage public intelligent, une réhabilitation du patrimoine architectural, le téléphérique, des parcs d’attractions, une station balnéaire de dernière génération, l’animation/les loisirs…  

Agadir est en train de se réinventer sous l’impulsion d’une dynamique socio-économique et de projets structurants sans précédent. L’ambition est d’ériger la capitale du Souss en future métropole du Grand Sud. Une locomotive qui est en train de montrer la voie aux autres grandes villes.  «Aujourd’hui, l’on ne peut aspirer avoir une grande région qui plus est pôle économique national sans une métropole qui joue le rôle de locomotive», précisent  à la fois le président du Conseil régional Souss-Massa et les élus de la ville. 

Ces ambitions puisent leurs fondements et orientations du Discours royal de 2019. Il y a un peu plus de trois ans, le Souverain a exhorté la région Souss-Massa et la ville d’Agadir à devenir «un pôle économique majeur au même titre que Casablanca et Tanger». Un pôle stratégique qui incarne la centralité du Maroc moderne entre le Nord du pays et les provinces du Sud voire une porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne.  Evidemment, cette vision requiert des infrastructures, des changements profonds, des transformations, y compris dans l’état d’esprit, les comportements, la gouvernance, l’urbanisme… Tout est parti de là.

Depuis,  la vision s’est traduite sur le terrain par de nombreux chantiers tant au niveau du chef lieu (Agadir) que de la région Souss-Massa dans l’intégralité de ses territoires et localités. «Le Maroc que Nous appelons de nos vœux doit être édifié dans un esprit d’harmonie et de complémentarité entre ses régions. Par ailleurs, chacune doit pouvoir bénéficier équitablement des infrastructures et des grands projets, nécessairement profitables à l’ensemble du pays». Extrait du Discours royal du 6 novembre 2019.

L’une des pièces maîtresses de cette vision est portée par le plan de développement urbain (PDU) de la ville. Ce méga-chantier est arrivé à point nommé afin de positionner Agadir parmi les métropoles d’avant-garde du Royaume du Maroc. Evidemment, toute métropole puise sa légitimité de l’ensemble de son territoire, de sa région… L’un ne va pas sans l’autre. Du coup, le PDU a été relayé par le PDR (plan de développement régional) pour plus de cohérence, de synergies et de convergence.  «L’ensemble des composantes du PDU et du PDR sont très circulaires et dépendantes. Elles devront interagir et faire jouer le maximum de synergies pour synchroniser les retombées», soutient le président du Conseil de la région, Karim Achengli.

Autre atout et non des moindres, la région et la ville disposent d’une visibilité doublée d’une lisibilité sur les 25 prochaines années ! Forte d’un nouveau schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT), Agadir dispose d’une feuille de route qui permettra des projections urbaines, des extensions, le développement de villes de taille moyenne, l’attractivité des investisseurs, la qualité de vie, le bien être… tout au long du prochain quart de siècle (horizon 2046).

Sur la gestion urbaine, la commune d’Agadir vient de déployer le PAC (plan d’action communale). Cette feuille de route, qui a été votée fin décembre dernier, repose sur un tableau de bord transversal et multidimensionnel. La nouvelle vision de la ville s’articule autour de quatre dimensions fondamentales: «Un territoire attractif, une ville durable et intelligente, une assemblée ouverte aux citoyens et des infrastructures modernes».                                                                                                          

Pour optimiser le pilotage de ce tableau de bord, les élus de la ville ont adopté ce qu’ils appellent: «Roue du développement d’Agadir». C’est une cartographie digitale qui permettra plus d’anticipation, de réactivité et de marge de manœuvre dans la gouvernance de la ville et ce, dans une logique systémique, transversale et holistique.

Région en chiffres

Le territoire de Souss-Massa s’étend sur une superficie globale de près de 54.000 mètres carrés. Ce qui représente 7,6% du territoire national. Cette région compte une population de 2,8 millions d’habitants, dont 950.000 personnes actives, avec une densité démographique de près de 50 habitants par km2. Ce territoire recèle d’importantes potentialités économiques, essentiellement dans trois secteurs clés: l’agriculture, la pêche et le tourisme. Il s’agit là de la 6e région en termes de création de richesse nationale, avec une contribution de l’ordre de 6,7% au PIB national. En effet, l’agriculture constitue l’un des piliers majeurs de l’économie de Souss-Massa. Chiffres à l’appui, cette activité contribue à hauteur de 14,5% au PIB régional et 8,4% au PIB sectoriel au niveau national.  Par ailleurs, la pêche s’étend sur 180 km de façade atlantique. A lui seul, ce secteur contribue à hauteur de 24,2% au PIB national sectoriel. Pour le tourisme, Souss-Massa constitue le 2e pôle au niveau national avec une capacité d’accueil de plus de 45.000 lits. Le secteur du tourisme contribue à hauteur de 15,1% au PIB sectoriel national avec plus de 1 million d’arrivées par an. De surcroît, la région compte près de 500 unités industrielles, essentiellement dans les industries de transformation, l’agro-alimentaire, la chimie-parachimie. En 2020, l’investissement global a été de l’ordre de 13,96 milliards de DH dans le Souss-Massa.

Première levée de fonds dans l’histoire

Fait nouveau dans les annales des collectivités territoriales, la commune d’Agadir (conseil de la ville) est la première, dans l’histoire du Maroc, à avoir levé des fonds via le marché des capitaux par le biais d’émissions obligataires. Ce qui a permis des emprunts à l’international auprès de la BERD ainsi que des investisseurs nationaux afin de diversifier les sources et les alternatives de financement.  La levée de fonds a porté sur un montant de 1 milliard de DH. Un prêt qui a servi à financer les différents chantiers du programme de développement urbain.

L’estimation du budget global du PDU oscille entre 6,7 et 6,9 milliards de DH. Ces estimations tiennent compte des surcoûts induits par l’inflation qui a impacté les matériaux de construction, l’acier, le cuivre, le bois, l’aluminium… De sources concordantes auprès des élus de la ville, l’augmentation induite par l’inflation est de l’ordre de 20 à 30% en termes de coûts additionnels dans certains chantiers du PDU. «Les derniers projets de ce programme devront être lancés en 2024», annonce Mostafa Bouderka, premier vice-président de la commune d’Agadir. 

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