Camping : les investisseurs se font rares

par WIAM MARKHOUSS – leseco.ma – 17/06/2018

La capacité d’accueil totale dans tout le pays est de 25 campings caravaning pour 5 570 places. Les camping-car ont déserté Agadir, même si Souss-Massa détient la 2e capacité nationale de campings classés. Dakhla veut imposer une redevance aux touristes en contrepartie des services octroyés.

Camping Atlantica Parc Tamraght (14 km d’Agadir)

Vingt-cinq campings caravaning pour 5 570 emplacements, c’est la capacité totale des campings dans tout le pays, d’après les chiffres communiqués par les délégations régionales du ministère du tourisme. Vers la fin des années 2000, 40% de la capacité hôtelière du pays (86 140 places-lits) étaient constitués de places de campings (rapport du Haut commissariat au plan). Certaines régions ne disposent plus de campings, à l’instar de Tanger, Tétouan, Al Hoceima où deux ont été abandonnés au profit d’autres projets. «Le premier situé à Malabata, dont le terrain a été vendu pour la promotion immobilière, est fermé. Le second, Miramonte, a été converti en salle des fêtes. L’Etat n’encourage pas la création de campings au Maroc. D’autant plus que les touristes internationaux qui viennent en camping- car ne font que traverser Tanger pour se diriger vers le Sud», déclare Abdelghani Ragala, directeur du CRT de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

Souss Massa, la deuxième région en termes de places de campings avec 1239 emplacements (après Fès, Meknès qui affiche 3 720 emplacements), est aussi désertée par ses «campeurs». «On avait l’habitude de recevoir environ 1000 campings-car européens à Agadir. Malgré nos campings classés, certains préféraient les campings sauvages dans les étendues de plages de Taghazout. Mais depuis l’accélération de la construction de la station balnéaire, les campings sauvages sont formellement interdits dans cette zone», explique Abdelaziz Fetouak, délégué régional du tourisme à Agadir. Ces touristes ont continué vers le Sud, notamment Dakhla. Grâce à sa baie idéale pour les sports de glisse et ses richesses halieutiques, cette ville est devenue très prisée entre octobre et mars par les touristes européens. Elle reçoit, d’après les professionnels, environ 1000 campings-car chaque année, même si elle n’abrite qu’un seul camping à l’entrée de la ville. La plupart des touristes préfèrent des sites comme la plage de Trouk, la plage de Porto Rico vers la Mauritanie ou encore Al Argoub.

Dans le Sud, les investisseurs privilégient les éco-hôtels de kite-surf

«La commune a mis à leur disposition des poubelles à Trouk ainsi qu’un service de ramassage des ordures et des toilettes publiques sans aucun paiement requis. C’est un type de tourisme qui ne rapporte pas beaucoup. Mais le camping-caravaning est une bonne publicité pour la région et témoigne de la stabilité et de la sécurité dont jouit Dakhla», déclare Daif Allah Ndour, délégué du tourisme de la région.
La demande sur ce type d’hébergement existe. Mais les investisseurs ne s’intéressent pas au camping et se dirigent tous vers les éco-hôtels de kite-surf. «Les promoteurs intéressés par ce type d’investissement sont affiliés à des réseaux internationaux que nous essayons d’attirer vers Dakhla», renchérit M. Ndour.

En attendant, les autorités essaient tant bien que mal de réglementer cet afflux de touristes. «Les campeurs sont éparpillés un peu partout dans des zones non gardées. Ils pêchent du poisson qu’ils revendent et à peine s’ils achètent du pain et des fruits. Qui plus est, ils produisent des déchets qu’on ne peut pas collecter partout. Nous avons certes aménagé un endroit pour le ramassage des déchets au Km25 et un service de traitement quotidien des eaux usées. Pour ces services, nous voulons exiger une redevance qui sera gérée par le CRT. Cela permettra de créer des postes d’emplois, notamment des contrôleurs, sans compter le kiosque installé au Km 40. Nous allons présenter ce projet au prochain conseil de la région», déclare Omar El Alaoui, directeur du Conseil régional du tourisme de Dakhla-Oued Eddahab. Les touristes avaient l’habitude de faire à Dakhla une halte de deux semaines à un mois avant de reprendre la route vers le Sénégal. Mais avec l’insécurité dans le Sahel, Dakhla est devenue la destination privilégiée pour l’hiver. Plusieurs groupes restent trois mois dans la région. «Ils se sentent en sécurité», dit non sans fierté M. El Alaoui. Les autorités, omniprésentes le long de la N1 jusqu’à Dakhla, veillent à leur arrivée à bon port.

Pour sa part, Guelmim-Oued Noun qui, bien que dotée de 4 campings et 125 emplacements, demeure un point de passage pour Dakhla. La région inclut certes les provinces balnéaires de Guelmim et Sidi Ifni mais reste peu fréquentée par les touristes venus en camping-car.

Un établissement de type «camping-caravaning», selon le ministère du tourisme

D’après le ministère du tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie solidaire, un établissement de type «camping-caravaning» est un établissement situé sur un terrain équipé, clôturé et gardé qui offre en location des emplacements à même de recevoir des campeurs munis des équipements nécessaires à leur séjour. Il peut également offrir des emplacements équipés de matériels d’hébergement fixes ou roulants. Il doit comporter des services sanitaires (douches, toilettes, buanderie…) et de restauration collective. Dans les campings, la clientèle est majoritairement composée de jeunes dont l’âge varie de 15 à 35 ans. Quant au caravaning, il est majoritairement composé de séniors européens qui viennent de France, d’Allemagne, de Hollande, d’Espagne, d’Italie et du Royaume-Uni. Pour ce qui est des touristes nationaux, ils arrivent en deuxième position après les touristes français dans le choix du camping comme mode d’hébergement touristique.

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