Contrebande : la douane adopte des mesures draconiennes

panorapost.com – 20/06/2019

Véritable porte d’entrée vers l’Afrique, le Maroc est depuis toujours un point de passage incontournable du continent pour les millions de personnes qui traversent sa frontière. Corollaire de cette mobilité qui ne faiblit guère, le royaume chérifien connaît également depuis plusieurs années un important phénomène de contrebande, à l’image de nombreux pays à l’économie développée ou émergente. Parmi les principales marchandises concernées par le commerce illégal, la cigarette représente un intérêt majeur pour les trafiquants comme pour les autorités marocaines.

Contrebande de cigarettes et de sable

Selon une étude réalisée en 2016 par le cabinet KPMG, 20 % des cigarettes consommées dans la région du Maghreb proviendraient du marché noir, soit une sur cinq. Selon ce rapport, 57 % seraient importées des Émirats arabes unis avant de gagner la Libye, la Tunisie et l’Algérie. Pour ces pays, auxquels le Maroc ne fait pas exception, le manque à gagner s’élèverait à 565 millions de dollars (5,4 milliards de dirhams). Et le phénomène ne serait pas prêt de diminuer puisque d’ici 2025, l’OMS (Organisation mondiale pour la santé) estime que le nombre de jeunes fumeurs devrait augmenter de 40 % en Afrique…

La lutte contre la contrebande de cigarettes constitue donc un enjeu d’autant plus important que ce fléau encourage clairement la consommation avec des prix de vente moins élevés. Aux risques connus pour la santé s’ajoutent également ceux propres aux cigarettes de contrebande, qui sont souvent beaucoup plus toxiques et addictives que les cigarettes classiques, selon une enquête de l’ONG Public Eye. En 2017, près de 17 600 Marocains seraient ainsi morts du tabac.

Mais la cigarette n’est pas la seule marchandise à faire l’objet d’un trafic d’envergure au Maroc. Le sable aussi serait une denrée prisée des trafiquants, d’après un récent rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement. Chaque année, près de 10 millions de mètres cubes seraient extraits illégalement des zones côtières marocaines pour servir aux constructions touristiques et balnéaires, en particulier entre Safi et Essaouira. Plus de la moitié (55 %) du sable vendu sur le marché national proviendrait en effet de filières clandestines, qui s’approvisionnent essentiellement sur les plages, mais aussi dans le long des oueds ainsi que dans le désert…

Le logiciel SAMID booste les résultats de la douane marocaine

Pour lutter contre la progression de la contrebande, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) du Maroc a considérablement renforcé sa vigilance. En 2018, elle a saisi un volume de marchandise de contrebande estimé à 61,6 millions de dollars (593,8 millions de dirhams), soit 7,4 % de plus qu’en 2017, d’après son rapport d’activité annuel. Parmi les produits confisqués, le nombre de cigarettes interceptées a augmenté de plus de 50 % pour s’établir à 36 millions d’unités, contre 22,9 millions l’année précédente.

En 2018 également, l’ensemble des contrôles douaniers au Maroc ont généré environ 371 millions de dollars (3,58 milliards de dirhams) de revenus additionnels, soit près du double du montant de 2010, qui s’ajoutent à près de 508 millions de dollars (4,9 milliards de dirhams) en taxes et impôts douaniers. En 2019, les efforts de l’ADII semblent toujours porter leurs fruits : en mai dernier, la brigade mobile de l’antenne d’Agadir a saisi une quantité record de plus de 337 000 cigarettes à bord d’un véhicule qui circulait sur une route nationale.

En net progrès, les résultats de la douane marocaine sur le terrain s’expliquent notamment par l’utilisation de technologies de numérisation pour vérifier l’authenticité des déclarations. Adopté en 2010, le logiciel SAMID (système automatisé de marquage intégré en douane) a ainsi permis d’identifier des fausses déclarations pour des marchandises d’une valeur globale de 10 milliards de dirhams (1,04 milliard de dollars). Preuve de son efficacité, le taux de prévalence des cigarettes de contrebande a baissé de manière spectaculaire ces trois dernières années, passant de 14 % en 2015 à 3,7 % en 2018. En complément, la mise en place d’une unité nationale spéciale a également permis d’améliorer la coordination et la rapidité des interventions visant les trafiquants.

Dans le même temps, l’ADII fait aussi preuve d’une souplesse accrue pour faciliter la mobilité des Marocains résidant à l’étranger. Dans le cadre de la campagne Marhaba 2019, qui voit près de 5 millions d’entre eux venir séjourner au Maroc pendant l’été, l’administration douanière marocaine met à profit son système informatique pour faciliter et fluidifier la mobilité de ses concitoyens via des mesures simplifiées pour les véhicules et personnes préalablement identifiés. Pour tout savoir sur ce dispositif innovant, un guide intitulé “Marocains du monde 2019” est d’ailleurs consultable sur le site internet de l’ADII, sans oublier le site marocainsdumonde.gov.ma dédié à l’opération.

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